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Peut-on faire une crise cardiaque avec un pacemaker ? Le pacemaker protège-t-il des infarctus ? Ces questions, sont une préoccupation légitime qui mérite qu’on y réponde clairement. Démêlez le vrai du faux sur ces dispositifs cardiaques et apprenez à gérer efficacement les risques cardiovasculaires associés.

Pacemaker : Stimulateur cardiaque

En France, plus de 60 000 personnes se font implanter un stimulateur cardiaque chaque année. Et pourtant, beaucoup de ces patients vivent avec des idées reçues sur leur dispositif. Entre mythes et réalités médicales, il est temps de faire le point sur ce que peut, et ne peut pas, faire un pacemaker face aux crises cardiaques.

Comprendre la différence fondamentale entre pacemaker et crise cardiaque

1-C’est quoi un pacemaker ? 

Un pacemaker (ou stimulateur cardiaque) est un petit boîtier électronique implanté sous la peau, généralement sous la clavicule. Sa mission ? Surveiller et réguler le rythme cardiaque lorsque le cœur bat trop lentement ou de façon irrégulière.

Il existe plusieurs types de stimulateurs :

  • Pacemaker simple chambre : une électrode reliée à une seule cavité du cœur (oreillette ou ventricule)
  • Pacemaker double chambre : deux électrodes, une dans l’oreillette et une dans le ventricule
  • Pacemaker triple chambre : utilisé dans certaines insuffisances cardiaques.

Syndrome de Brugada, bradycardie

On l’implante habituellement pour traiter une bradycardie (rythme cardiaque trop lent), un bloc auriculo-ventriculaire (trouble de la conduction électrique) ou parfois dans le syndrome de Brugada. Le rôle du pacemaker est d’envoyer des impulsions électriques quand le cœur ne respecte pas son tempo naturel.

Bradycardie, quand s’inquiéter ?

Si vous faites un malaise, perdez connaissance et avez des douleurs au thorax, consultez sans attendre. Votre boitier a peut-être un dysfonctionnement, il doit être révisé par l’équipe de cardiologie qui vous suit.

2-Infarctus du myocarde : Mécanismes physiologiques de la crise cardiaque

L’infarctus du myocarde, qu’on appelle communément « crise cardiaque », est un phénomène totalement différent. Il survient lorsqu’une artère coronaire (qui alimente le muscle cardiaque en sang) se bouche brutalement, généralement à cause d’un caillot qui se forme sur une plaque d’athérome.

Cette obstruction prive une partie du muscle cardiaque d’oxygène, causant la mort progressive des cellules de cette zone. D’où cette douleur caractéristique dans la poitrine, souvent décrite comme un étau ou une compression intense.

Les symptômes typiques incluent :

  • Une douleur thoracique intense, comme une sensation d’écrasement
  • Une irradiation possible vers le bras gauche, la mâchoire ou le dos
  • Des sueurs froides, nausées et essoufflement

3-Pourquoi ces deux réalités médicales sont distinctes

Voilà le point crucial : le pacemaker gère l’électricité du cœur, tandis que l’infarctus concerne la circulation sanguine coronaire. Un peu comme si votre cœur était une voiture : le pacemaker serait l’alternateur qui assure que le moteur tourne au bon régime, mais il ne peut rien faire si le carburant ne parvient plus au moteur (l’équivalent d’un infarctus).

Illustration coeur humain

Pacemaker

Crise cardiaque

Traite les troubles du rythme

Causée par l’obstruction d’une artère

Problème électrique

Problème de circulation sanguine

Régule la fréquence des battements

Nécrose du tissu cardiaque par manque d’oxygène

Certains patients porteurs de pacemaker sont persuadés d’être « immunisés » contre les crises cardiaques. Ce dispositif, aussi efficace soit-il pour maintenir un rythme régulier, ne peut malheureusement pas empêcher les artères de se boucher si le mode de vie favorise l’athérosclérose.

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Le pacemaker offre-t-il une protection contre les crises cardiaques ?

1-La réalité scientifique sur la fonction préventive du pacemaker

Contrairement à une croyance répandue, un stimulateur cardiaque ne constitue pas un « bouclier » contre les crises cardiaques. Ce dispositif sophistiqué remplit parfaitement sa mission principale : réguler le rythme cardiaque. Mais ses capacités s’arrêtent là.

Les données médicales sont sans équivoque sur ce point. Une étude menée sur 1 200 patients porteurs de pacemaker pendant 5 ans a montré que leur risque d’infarctus n’était pas significativement différent de celui observé dans des groupes témoins aux profils similaires. Le taux d’événements coronariens majeurs restait comparable, autour de 8 % sur cette période.

2-Peut-on faire une crise cardiaque avec un pacemaker : Facteurs de risque cardiovasculaires persistants malgré le pacemaker

Votre pacemaker fonctionne à merveille, mais votre tension artérielle reste à surveiller ! C’est là toute la nuance. Un stimulateur ne modifie pas les facteurs de risque traditionnels qui favorisent l’athérosclérose et les crises cardiaques.

  • L’hypertension artérielle : elle fragilise progressivement les parois des vaisseaux
  • Le diabète : particulièrement insidieux pour les artères coronaires
  • L’hypercholestérolémie :  favorise la formation des plaques d’athérome
  • Le tabagisme : reste l’ennemi n°1 des artères coronaires

Avis d’un cardiologue : « Les patients confondent souvent le rôle du pacemaker avec une protection globale contre tous les problèmes cardiaques ». « Je schématise souvent le cœur à une maison pour expliquer le rôle du stimulateur : le pacemaker est comme le système électrique qui assure que les lumières s’allument correctement, mais il ne peut rien contre une fuite d’eau ou un incendie. De même, il ne peut empêcher un caillot de bloquer une artère coronaire. »

Vivre avec un pacemaker : Mesures préventives contre les problèmes cardiaques

1-Recommandations médicales post-implantation

Après la pose d’un stimulateur cardiaque, un suivi médical rigoureux s’impose. En général, les contrôles sont programmés tous les 6 à 12 mois, parfois plus fréquemment au début. Ces rendez-vous permettent de vérifier le bon fonctionnement du dispositif, l’état de la batterie et d’ajuster les paramètres si nécessaire.

Soyez particulièrement attentif à ces signes qui méritent une consultation rapide :

Signes d’alerteAction recommandée
Douleur, rougeur ou gonflement autour du boîtierConsultation immédiate (risque d’infection)
Étourdissements ou syncopesUrgence médicale
Essoufflement inexpliquéConsultation rapide
Palpitations persistantesAvis médical nécessaire

2-Adaptations du mode de vie bénéfiques

Avec ou sans pacemaker, les règles d’hygiène cardiovasculaire restent les mêmes. La bonne nouvelle ? Ces changements sont à la portée de tous.

  • Une alimentation méditerranéenne riche en légumes, fruits, céréales complètes, poissons et huile d’olive constitue un excellent choix. Plusieurs études montrent qu’elle peut réduire jusqu’à 30 % le risque d’événements cardiovasculaires.
  • Côté activité physique, pas besoin de devenir athlète olympique ! Une marche quotidienne de 30 minutes suffit à renforcer votre cœur. D’ailleurs, contrairement aux idées reçues, la plupart des sports sont autorisés avec un pacemaker. Évitez simplement les sports de contact violents qui pourraient endommager le boîtier.
  • Le stress, ce facteur souvent négligé, mérite aussi votre attention. Méditation, yoga, respirations profondes… À chacun sa méthode pour apaiser le système nerveux et, par ricochet, ménager son cœur.

3- Peut-on faire une crise cardiaque avec un pacemaker : Interactions médicamenteuses à connaître

Bien que le pacemaker fonctionne indépendamment des médicaments, certaines précautions s’imposent. Les anticoagulants, souvent prescrits pour d’autres problèmes cardiaques, nécessitent un suivi particulier pour éviter tout saignement excessif, notamment après l’implantation.

Informez systématiquement tout médecin que vous consultez de la présence de votre stimulateur. Certains médicaments peuvent interférer avec votre pathologie cardiaque, même s’ils n’affectent pas directement le fonctionnement du pacemaker.

Par ailleurs, l’observance thérapeutique reste cruciale. Les médicaments prescrits pour votre condition cardiaque initiale doivent être pris scrupuleusement. Le pacemaker complète votre traitement, il ne le remplace pas.

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4-Syndrome de Brugada : Cas particulier

Le syndrome de Brugada représente un cas particulier dans le monde de la cardiologie. Cette pathologie génétique rare, qui touche environ 1 personne sur 2000, se caractérise par un risque accru d’arythmies ventriculaires potentiellement mortelles.

Contrairement aux idées reçues, le pacemaker classique n’est généralement pas le traitement de choix pour ce syndrome. C’est plutôt le défibrillateur automatique implantable (DAI) qui est recommandé pour les patients à haut risque. La différence ? Le DAI peut non seulement stimuler le cœur comme un pacemaker, mais aussi délivrer un choc électrique en cas d’arythmie grave.

5-Limitations quotidiennes avec un pacemaker

Bonne nouvelle : Vivre avec un pacemaker impose finalement peu de restrictions ! Quelques précautions s’imposent néanmoins :

Situation

Recommandation

Téléphones portables

Tenir à 15 cm minimum du dispositif

Plaques à induction

Maintenir une distance de 30 cm

Portiques de sécurité

Signaler votre pacemaker, ne pas s’attarder

IRM

Possible avec certains modèles récents uniquement.

Logo indiquant un défibrillateur tout public

En voyage, gardez toujours sur vous votre carte de porteur de pacemaker. Elle contient des informations essentielles pour le personnel médical en cas d’urgence. Pas d’inquiétude pour les détecteurs d’aéroport : ils peuvent déclencher une alarme, mais ne perturberont pas votre dispositif.

Dans le syndrome de Brugada, ne soyez pas surpris, le patient a la possibilité de passer une IRM :  Il aura un rendez-vous avant et après l’examen avec son cardiologue, qui désactivera le défibrillateur puis le réactivera.

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Innovations récentes : Vers des pacemakers plus performants

1-Les avancées technologiques des stimulateurs cardiaques

L’évolution des pacemakers ces dernières années est tout simplement remarquable.

  • Les stimulateurs cardiaques sans sonde (ou « leadless pacemaker ») représentent probablement l’innovation la plus significative. Ces mini-capsules de la taille d’une grosse vitamine sont implantées directement dans le ventricule droit, éliminant ainsi les complications liées aux sondes traditionnelles.
  • IRM et pacemaker : Les pacemakers compatibles avec l’IRM. Cette technologie permet aux patients de bénéficier de cet examen d’imagerie crucial sans risque pour leur dispositif. Une vraie libération pour de nombreux patients qui devaient auparavant se priver de cet outil diagnostique précieux.

2-Comment ces innovations améliorent la prise en charge globale

La télésurveillance représente peut-être le bond en avant le plus significatif pour le quotidien des patients. Votre pacemaker peut désormais transmettre des données à votre cardiologue via internet, permettant une détection précoce de problèmes potentiels.

Ces systèmes intelligents enregistrent non seulement le rythme cardiaque, mais aussi d’autres paramètres comme l’impédance thoracique (qui peut signaler une congestion pulmonaire) ou l’activité physique. Ils contribuent ainsi à une vision plus complète de votre santé cardiaque.

Exemple : Un patient, équipé d’un tel système, peut permettre à son médecin de détecter une fibrillation auriculaire débutante avant même qu’il ne ressente le moindre symptôme. Ainsi, un traitement précoce peut être instauré, en évitant potentiellement des complications graves comme un AVC. 

Peut-on faire une crise cardiaque avec un pacemaker ? La conclusion

Pour répondre clairement à la question initiale : oui, on peut malheureusement faire une crise cardiaque même avec un pacemaker. Ce dispositif, aussi sophistiqué soit-il, ne protège pas contre l’obstruction des artères coronaires qui cause l’infarctus.

Le pacemaker reste néanmoins un allié précieux pour de nombreux patients souffrant de troubles du rythme cardiaque. Il améliore considérablement leur qualité de vie et leur pronostic à long terme.

N’oubliez pas que la prévention des crises cardiaques passe avant tout par un mode de vie sain : alimentation équilibrée, activité physique régulière, abstention tabagique et gestion du stress. Ces mesures, associées à un suivi médical régulier, restent vos meilleures armes contre l’infarctus, avec ou sans pacemaker.

Si vous êtes porteur d’un stimulateur cardiaque ou si vous vous posez des questions sur votre santé cardiovasculaire, n’hésitez pas à consulter votre médecin. Chaque situation est unique et mérite une attention personnalisée.

FAQ sur pacemaker et risques cardiaques

Pose pacemaker durée hospitalisation ?

La pose d’un stimulateur cardiaque n’est plus cette procédure lourde qu’elle était autrefois. Aujourd’hui, l’hospitalisation dure généralement entre 24 et 48 heures. Certains centres spécialisés proposent même des implantations en ambulatoire, où vous rentrez chez vous le jour même ! L’intervention en elle-même est relativement brève, environ 45 minutes à 1 heure dans la majorité des cas. Elle se déroule sous anesthésie locale, ce qui signifie que vous restez conscient pendant la procédure, mais sans ressentir de douleur. Quant aux complications post-opératoires, elles sont rares, mais méritent d’être connues : Hématome au site d’implantation (3-5 % des cas), infection (moins de 1 % des patients), déplacement des sondes (2-3 % des cas).

Peut-on mourir avec un défibrillateur implanté ?

Pour faire simple, la pose d’un défibrillateur est nécessaire pour les patients ayant un trouble du rythme cardiaque. Sans ce dispositif, les malades ont un risque de mort subite. Le défibrillateur augmente leur espérance de vie.

Combien coûte un défibrillateur ?

Un défibrillateur tout public (DAE) coûte très cher, entre 1200 et 3500 euros. Il est généralement placé à un endroit accessible, à l’entrée d’une structure (clinique, hôpital), gymnase, mairie…

Quel rythme cardiaque est dangereux ?

Un pouls compris entre 100 et 180 battements par minute n’est pas normal. De plus, si vous ressentez   des palpitations au repos, cela nécessite une prise en charge médicale immédiate. Le rythme cardiaque peut varier selon votre âge, si vous êtes sportif ou stressé…Parlez-en à votre médecin si vous avez des préoccupations.