Sang dans les urines : homme, femme et sans douleur

Découvrir du sang dans ses urines est une expérience angoissante. Ce phénomène, appelé hématurie en terme médical, peut survenir de façon visible à l’œil nu ou être détectable uniquement lors d’analyses d’urines (ECBU). Ce signe génère souvent inquiétude et stress mais il est important de comprendre qu’avoir du sang dans les urines peut être à l’origine de plusieurs causes, bénignes et aussi préoccupantes.

Les différents types d’hématurie

L’hématurie se présente sous diverses formes, chacune pouvant orienter vers des causes différentes :

• Hématurie macroscopique : visible à l’œil nu, elle se manifeste par des urines rosées, rouges ou brunâtres
• Hématurie microscopique : décelable uniquement lors d’analyses d’urine, elle passe souvent inaperçue.

La chronologie du saignement dans le jet urinaire :

• L’hématurie initiale : le sang apparaît au début de la miction, suggérant souvent un problème au niveau de l’urètre ou de la prostate
• L’hématurie terminale : le sang se manifeste en fin de miction, orientant vers la vessie ou le col vésical
• L’hématurie totale : le sang est présent tout au long de la miction, évoquant plutôt une origine rénale ou des voies urinaires supérieures.

Par ailleurs, l’absence de douleur n’est pas forcément rassurante. En fait, certaines pathologies graves comme le cancer de la vessie peuvent se manifester par une hématurie indolore, d’où l’importance de ne jamais banaliser ce symptôme.

Mécanismes et origines anatomiques

Le sang dans les urines provient d’une lésion quelque part le long des voies urinaires. Cette « fuite » peut survenir à différents niveaux :

• Au niveau des reins, un saignement peut résulter d’une inflammation, d’une infection ou d’une tumeur.
• Dans les uretères, ce sont souvent les calculs qui provoquent des microtraumatismes et des saignements.
• La vessie, particulièrement exposée aux infections et aux tumeurs, constitue une source fréquente d’hématurie.
• La prostate : Chez l’homme, la prostate peut également être impliquée.

Une hématurie accompagnée de fièvre, de douleurs lombaires intenses, ou survenant après un traumatisme nécessite une consultation médicale urgente. De même, la présence de caillots sanguins dans les urines indique généralement un saignement significatif qui mérite attention.

Problèmes prostatiques et hématurie

La prostate, glande exclusivement masculine, est fréquemment impliquée dans les cas d’hématurie :

1-L’hyperplasie bénigne de la prostate, touche près de 50 % des hommes après 50 ans et peut entraîner une compression des voies urinaires et parfois des saignements. Si vous rencontrez une légère hématurie associée à des difficultés à uriner, un examen urologique est obligatoire.

2-Le cancer de la prostate, bien que rarement responsable d’hématurie à ses débuts, peut provoquer ce symptôme à un stade plus avancé. La prostatite, inflammation aiguë ou chronique de la prostate, s’accompagne parfois de sang dans les urines, généralement avec d’autres symptômes comme fièvre, douleurs pelviennes ou troubles mictionnels.

Homme sang dans les urines : Autres causes masculines fréquentes

Les hommes peuvent également présenter une hématurie en raison de :

• Calculs urinaires, particulièrement fréquents dans la population masculine, provoquant typiquement des douleurs intenses et parfois des saignements
• Infections des voies urinaires, moins communes que chez les femmes mais souvent plus complexes quand elles surviennent
• Traumatismes, notamment sportifs ou accidentels, touchant les reins ou la vessie
• Certains traitements médicaux peuvent aussi provoquer une hématurie, comme les anticoagulants ou certaines chimiothérapies. D’ailleurs, il n’est pas rare que des hommes sous anticoagulants présentent des épisodes d’hématurie microscopique intermittente.

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Infections urinaires et hématurie

Les femmes sont particulièrement susceptibles de développer des infections urinaires en raison de leur anatomie. L’urètre féminin, plus court que celui de l’homme, permet aux bactéries d’atteindre plus facilement la vessie.

La cystite aiguë, inflammation de la vessie d’origine infectieuse, s’accompagne souvent d’une hématurie légère. Les symptômes typiques incluent des brûlures mictionnelles, des envies fréquentes d’uriner et parfois des douleurs sus-pubiennes. Quand ces infections deviennent récidivantes (plus de 3 épisodes par an), il faut en rechercher la cause.  

Sang dans les urines : Distinguer cycle menstruel et hématurie

Un point important concerne la distinction entre sang menstruel et véritable hématurie. Le sang menstruel peut contaminer l’urine lors de la miction, créant une confusion. Pour différencier les deux, un simple test consiste à uriner dans deux contenants différents à quelques heures d’intervalle, si la coloration rouge persiste indépendamment du cycle, une consultation s’impose.

Cystite post-coïtale et relations sexuelles

Par ailleurs, les relations sexuelles peuvent parfois déclencher des microtraumatismes ou favoriser l’entrée de bactéries dans la vessie, phénomène connu sous le nom de « cystite post-coïtale ».  

Pathologies gynécologiques associées

Certaines conditions spécifiquement féminines peuvent se manifester par du sang dans les urines chez la femme :

• L’endométriose vésicale, forme rare, mais réelle, d’endométriose, peut provoquer des saignements cycliques dans les urines, souvent synchronisés avec les menstruations
• Les cancers gynécologiques (col utérin, endomètre, ovaires) peuvent, à un stade avancé, infiltrer la vessie et causer des saignements urinaires
• Les complications post-partum, notamment après un accouchement difficile, peuvent occasionnellement inclure une hématurie transitoire.
• Certaines interventions gynécologiques comme les hystérectomies peuvent parfois léser accidentellement les voies urinaires, entraînant des saignements temporaires.

Quelle maladie provoque du sang dans les urines ? Pathologies des voies urinaires

Hommes et femmes partagent plusieurs causes potentielles d’hématurie :

• Le cancer de la vessie représente une préoccupation, particulièrement en cas d’hématurie indolore. Ses facteurs de risque principaux incluent le tabagisme (augmentant le risque de 3 à 7 fois), l’exposition à certains produits chimiques industriels et les antécédents d’infections urinaires chroniques. Il touche davantage les hommes, mais son incidence chez les femmes augmente parallèlement à leur consommation tabagique.
• Les calculs urinaires peuvent se former à différents niveaux du système urinaire. Ils provoquent typiquement des douleurs intenses (coliques néphrétiques) quand ils se déplacent, et leur friction contre la muqueuse urinaire entraîne souvent des saignements. La présentation classique associe douleur lombaire irradiant vers les organes génitaux et hématurie.
• Quant aux malformations congénitales, bien que généralement diagnostiquées dans l’enfance, certaines peuvent se révéler tardivement par une hématurie. C’est notamment le cas de la jonction pyélo-urétérale, du reflux vésico-urétéral ou de certains kystes rénaux.

Infection urinaire et CRP élevée :

Hématurie : Examens de première intention

Face à une hématurie, plusieurs examens s’imposent rapidement :

• L’ECBU (Examen Cytobactériologique des Urines) est l’examen incontournable du diagnostic initial. Il permet de confirmer la présence de sang, de rechercher une infection urinaire et d’examiner les cellules présentes dans l’urine. Un résultat positif aux nitrites ou la présence de leucocytes suggère une infection, tandis que des cellules atypiques peuvent évoquer une tumeur.
• Les analyses sanguines complètent cette approche. Une numération formule sanguine (NFS) recherche une anémie (en cas de saignement important), un bilan rénal évalue la fonction des reins, et des marqueurs inflammatoires comme la CRP peuvent orienter vers une infection ou une inflammation. Un bilan d’hémostase s’avère indispensable en cas de suspicion de trouble de la coagulation.
• L’échographie réno-vésicale offre un aperçu non invasif des reins, des uretères et de la vessie. Elle peut révéler des calculs, des kystes, des tumeurs ou une dilatation des voies urinaires. Cependant, sa sensibilité a des limites, notamment pour les petites lésions vésicales ou urétérales.

Ces premiers examens orientent généralement vers d’autres investigations plus spécifiques, adaptées au profil du patient et aux premières découvertes. Une approche personnalisée est primordiale pour établir un diagnostic précis tout en évitant des examens inutiles.

Examens spécialisés selon le profil

Après les investigations initiales, des examens plus pointus peuvent être entrepris :

• La cystoscopie, examen phare en urologie, permet d’observer directement l’intérieur de la vessie et de l’urètre à l’aide d’un tube fin muni d’une caméra. Pas forcément agréable, mais généralement bien tolérée, elle reste incontournable pour détecter certaines lésions invisibles à l’imagerie et permet une prise en charge rapide et efficace.
• Scanner (uroscanner) : Pour explorer les voies urinaires supérieures, le scanner (uroscanner) offre une excellente visualisation des reins, des uretères et de la vessie.
• L’IRM, quant à elle, s’avère utile chez les patients allergiques aux produits de contraste ou les femmes enceintes. Dans certains cas complexes, ces deux examens peuvent être complémentaires.
• Parfois, des biopsies s’imposent pour confirmer ou infirmer une suspicion de malignité. Prélevées lors d’une cystoscopie ou guidées par imagerie, elles constituent souvent l’étape décisive du diagnostic.

Sang dans les urines sans douleur chez l’homme

Uriner du sang n’est pas forcément signe de maladies graves et ne provoque pas tout le temps des douleurs chez l’homme. C’est pourquoi, des analyses plus poussées sont utiles pour savoir pourquoi il y a du sang. Inversement, des douleurs en urinant, des douleurs lombaires ou un « blocage » pour uriner, demande des investigations rapidement (voir paragraphe suivant).

Signes de gravité immédiate

Certaines situations nécessitent une prise en charge sans délai :

• Une hématurie massive avec caillots peut provoquer une rétention urinaire aiguë, situation douloureuse et anxiogène nécessitant un drainage vésical rapide
• L’association hématurie + fièvre élevée évoque une infection sévère, potentiellement une pyélonéphrite aiguë ou un abcès rénal
• Des douleurs lombaires intenses accompagnant le saignement peuvent signaler une colique néphrétique compliquée ou un traumatisme rénal

Certains profils de patients justifient une vigilance chez les personnes âgées, patients sous anticoagulants, immunodéprimés, ou ceux ayant des antécédents de cancer urinaire. Chez eux, même une hématurie légère mérite une exploration rapide.

Sang dans les urines : Parcours de soins recommandé

Le médecin traitant est le premier interlocuteur, capable d’évaluer la gravité de la situation et d’orienter vers les examens initiaux. En cas de signes alarmants, les services d’urgence permettent une prise en charge immédiate.

L’urologue reste le spécialiste de référence pour explorer une hématurie. Son expertise permet d’interpréter finement les examens et de proposer un traitement adapté. D’ailleurs, on observe que les délais de consultation en urologie peuvent malheureusement s’étendre jusqu’à plusieurs semaines, d’où l’importance de bien préciser le motif « hématurie » lors de la prise de rendez-vous, ce qui peut accélérer la prise en charge.

Après diagnostic et traitement, un suivi régulier s’impose dans la plupart des cas. Sa fréquence varie selon la cause identifiée : plus rapproché pour les pathologies malignes, plus espacé pour les causes bénignes traitées efficacement.

Le sang dans les urines est un symptôme qu’il ne faut jamais banaliser. Si certaines causes s’avèrent bénignes, d’autres nécessitent une prise en charge urgente ou spécialisée. L’approche diagnostique doit être méthodique et personnalisée, tenant compte du profil du patient, de ses facteurs de risque et de ses antécédents.

Hommes et femmes présentent des spécificités anatomiques et pathologiques qui orientent la démarche diagnostique. Un médecin expérimenté saura adapter son approche en fonction de ces particularités.

Les options thérapeutiques sont nombreuses et souvent efficaces, même pour les causes les plus préoccupantes. Les progrès récents en urologie permettent des traitements de plus en plus ciblés et moins invasifs. N’oubliez pas pour votre santé : Face à une hématurie, une consultation médicale s’impose.